Didier Saby

Didier Saby – né le 25 octobre 1954 à Paris.

Peintre et professeur d’Arts plastiques.

  • Études (Paris) / Deux années dans une école privée d’apprentissage des techniques de l’illustration.
  • Obtention d’un DEUG et d’une Licence d’Arts plastiques
  • (Université Paris 1) 1998/1999
  • Années 80 / Collioure / Découverte de l’aquarelle, de la couleur et du travail sur le motif en extérieur. Début d’une pratique sur toile (alkyde) où je privilégie la transparence.
  • Affiliation à la Maison des Artistes en 1986.
  • Années 90 / Le Lot / Continuation de ma pratique de peintre, abandon progressif de la transparence pour l’opacité et la matière.
  • Apparition des «singes» comme motifs et sujets de peinture.
  • Années 2000 / Aveyron / Début de mon activité de professeur d’Arts plastiques.
    Toujours, essentiellement, les singes, motif qui me permet d’évoluer dans ma pratique de peintre : étude de leur morphologie par le dessin, réflexions sur le mouvement (le geste), l’occupation de la surface (limites, hors-limites, décentrage), travail sur la couleur.

« Le singe, dans la tradition de la représentation, c’est le peintre lui-même. Le peintre singeant la nature. »

Didier Saby s’attarde donc sur le singe pour, nous dit-il, se délecter des affinités du pelage des primates avec les instruments de son travail.
Quel serait le terme de cette digression ? Le singe imite l’homme, l’homme imite la nature… Mais l’imitation n’est-elle pas tout simplement dans l’intimité de la nature elle-même, qui ne cesse, à tous les niveaux, de se reprendre, de se répéter, de se singer. C’est encore elle qui est au travail aussi bien dans les livrées des animaux que dans les parures des hommes. Elle toujours qui se singe avec patience ou agitation dans l’exercice du peintre, au milieu de ses traces, coulures, glacis, empâtements qu’il croit tellement personnels.

Le soyeux, le lustré, le brillant, le moucheté, le tacheté. La peinture de ces incidences de la lumière sur la vie n’en finit pas. Alors, avec un peu d’attention, on s’aperçoit que les pelages peuvent « délivrer » la peinture de toute l’éducation qui en bride les effets.

Mais il y autre chose. De plus inquiétant, avouons le ! Ces singes nous toisent, seuls ou en groupes. Ils dérangent, un peu à la manière des figures animales de Gilles Aillaud : mutisme scrutateur, indifférence toue relative prise dans le serpentin d’une ligne bleue ou d’une transparence rose. En groupe particulièrement, ils cessent d’être un contour d’animalité pour devenir un contour de peinture ; ces groupes sont étranges parce qu’ils composent du vivant et du pictural, de la couleur et des corps.

Frédéric Guerrin,
Maître de conférences en Arts appliqués.

« Les tableaux que l’on pourra admirer sont figuratifs et ont un thème : les singes.
Ils ont aussi un sujet : le groupe, qu’il soit bande, fratrie, famille.. »

Les singes de Saby sont si affairés et leur attention attirée par tant de choses, souvent hors-cadre, qu’ils ignorent superbement le spectateur du tableau, le regardeur comme on dit…Le dessin solidement charpenté et la richesse parfois acide des couleurs, régis par la logique picturale et l’harmonie, bien plus que par une quelconque référence naturaliste aux modèles, accentue encore le sentiment que nous sommes en présence d’un univers parallèle au nôtre et dont l’orbite reste inexorablement à distance; Leurs préoccupations sont ailleurs, à tel point que leur image est parfois tronquée par les limites matérielles du cadre. Ils ont la tête ailleurs, ils poursuivent leur existence et gèrent leur espace social sans se soucier de nous.

Le jeu subtil de leurs regards témoigne de la séparation et de l’incompatibilité de leur point de vue et du nôtre.C’est ainsi que les tableaux de Didier Saby dépassent toute anecdote animalière et nous interrogent sur notre propre condition et notre rapport à l’animalité.

Pierre-Marie Corbel,
Peintre.

Didier Saby
Aquarelle Singes
Le peintre ambidextre